« Les associations d’anciens sont un moyen d’accès au marché caché », ajoute Laurent Acharian, 34 ans, un des responsables de la communication chez PricewaterhouseCoopers. Cet ancien de Sciences Po-Paris a profité d’un autre point fort des associations, la détention d’informations peu connues, partagées avec les adhérents. « Mon poste actuel étant une création, très peu de personnes étaient au courant de cette offre d’emploi. J’en ai entendu parler par la responsable carrières de l’association Sciences Po : Françoise Benoît sait toujours où sont les uns et les autres et à quel stade de carrière ils sont ! » Et les entreprises sont demandeuses de ce type de contacts. « Nous tissons des liens ciblés avec les services carrières des associations d’anciens. Nous leur envoyons des offres d’emploi dédiées », précise Sophie Arnould, responsable du recrutement à Accenture. La raison ? « En plus des jeunes diplômés, nous avons besoin de recruter des profils plus seniors, ayant deux à six ans d’expérience, une population que les réseaux d’anciens savent toucher par essence. »
Une brasserie chic, à deux pas de la tour Eiffel. Allure de dandy à la barbe rousse, Pierre Kosciusko-Morizet, 30 ans, président de PriceMinister.com, confie qu’il travaille « activement » à son introduction en Bourse. Créée en juillet 2000 – il a alors 23 ans -, sa start-up d’achat-vente en ligne compte aujourd’hui 180 personnes. « Je dois une partie de ma réussite à l’association des diplômés », admet avec simplicité cet HEC-Entrepreneurs. C’est un compliment car, les réseaux, il connaît : petit-fils d’ambassadeur de France à l’ONU puis à Washington, fils du maire de Sèvres, Pierre est aussi le frère de Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie. « L’association m’a donné une visibilité très tôt », reconnaît-il. Un an après sa fondation, PriceMinister.com s’est vu décerner le Mercure des entrepreneurs, dédié aux créateurs d’entreprises prometteurs. Et l’an dernier, le Mercure d’honneur, jusque-là surtout attribué à des grands patrons et à des ministres. Le tout lors de l’événement mensuel « Les matins HEC », orchestré par Christophe Labarde, directeur de l’association des diplômés de l’école. « J’ai levé au total 14 millions d’euros, une bonne partie auprès d’anciens HEC, pour certains rencontrés lors des « réunions entreprendre » de l’école », se souvient Pierre Kosciusko-Morizet. Pour lui, « l’association des diplômés est un accélérateur d’affaires, une porte ouverte sur le réseau des anciens ». Une grande porte quand ces anciens s’appellent Henri Proglio (Veolia), Baudouin Prot (BNP Paribas), Henri de Castries (Axa) ou encore Jean-Paul Agon (L’Oréal).
« Les associations de diplômés n’ont jamais été aussi puissantes », constate Laurent Renard, auteur de l’ouvrage Le Guide des clubs, cercles et réseaux d’influence (Village mondial). Les plus puissantes se professionnalisent. Celle d’HEC salarie 18 personnes et gère un budget annuel de 2,6 millions d’euros. Essec Alumni compte 15 permanents et affiche un budget de 3,2 millions d’euros. Les plus dynamiques multiplient les événements qui donnent des possibilités d’échanges de cartes de visite : petits déjeuners, conférences, dîners-débats, voyages d’études… Elles refont leur site Internet avec des critères de qualité professionnelle. Car cette vitrine est devenue cruciale : expatriés, anciens étudiants étrangers retournés au pays… Le réseau est planétaire.
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